Devant une télévision, une table basse où siégeait la moitié d'une pizza encore chaude. L'écran diffusait un téléfilm, deux comédiens plus au moins doués jouaient leur rôle : -Je ne comprends pas Paul, pourquoi devons-nous quitter ? -Il n'y a pas d'autres choix Patricia... -Mais nos familles ne pourraient-elles jamais s'entendre ? La question resta en suspend, puisqu'on changea de chaine. Le propriétaire des lieux mordait dans une part de pizza, assez contrariait de ne pas trouver un programme à son goût. -C'est quoi cette... Avant de lâcher un juron, il entendit sa sonnette. La télé étant revenue sur le feuilleton à l'eau de rose. Le jeune homme regarda par le petit orifice en verre pour voir celui qui attendait sur le pas de la porte... et reconnut bien vite ces cheveux bruns coiffés dans un sens qui dépassaient toutes les lois de la gravité. -Merde, Arnaud, murmura-t-il en voyant l'état de son appartement. L'appartement d'un célibataire. Un vrai désordre, ses feuilles de sketchs un peu partout, des vêtements sales qu'il oubliait... et, qui plus est, il était en peignoir, ne portant rien en dessous ! Quelle idée de venir un dimanche ! Il courut vers sa chambre, prit des vêtements au hasard, fit un « j'arrive ! » avec la sonnette qui s'impatientait et, finalement habillé, ouvrit la porte. -Qu'est-ce qui est arrivé à tes cheveux ? fut la première réaction d'Arnaud. Je t'ai réveillé ? Ayant mis ses vêtements en quatrième vitesse, il n'avait pas vu qu'il s'était décoiffé, complètement. Il avait une bonne excuse pour son tic, pour une fois... -Tu m'attends, je reviens. Son partenaire partit, laissant Arnaud, assis dans son canapé, devant le feuilleton. Ce n'étaient plus les mêmes comédiens, un couple différent et une autre histoire pourtant similaire : celle de l'amour entre deux personnes. Ou, on l'aurait cru si les acteurs jouaient mieux. -Je dois t'avouer quelque chose... -Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a Arnaud ? Arnaud haussa les sourcils, réagissant à son nom, et sourit à la coïncidence de cet homonyme. -Je... je sais pas comment te le dire, continuait le Arnaud de la télé, t'es mon meilleur ami, je veux pas te perdre... -Tu me perdras pas, promit son « meilleur ami ». Et tu sais, j'ai pas été si franc que ça... Les deux comédiens se rapprochèrent, les yeux l'un dans l'autre. -Je t'aime Arnaud... -Arnaud ? fit cette fois une voix derrière lui. Le brun sursauta et essaya d'éteindre la télévision en cherchant la télécommande, sans succès. -Tu regardes ce genre de... ? commença son ami. -Non ! coupa agressivement Arnaud, avant de reprendre son calme. Je... je veux dire... Jérémy s'assit près de lui, et crut comprendre : -Ça te gêne que des mecs se roulent des pelles ? Tsamere se retourna vers l'écran, forçait de reconnaitre que les deux acteurs s'embrassaient, pour de faux visiblement. Mais l'ardennais devait être loin de se douter que cela ne le gênait pas, au contraire. Le bordelais gardait le silence, la gêne s'installant chez lui quand l'homme dans l'écran se mit à gémir en susurrant son prénom. Mais Arnaud vira carrément au rouge quand il imaginait la voix de Jérémy à sa place. -Tsamere rougiiit ! le taquina le plus jeune. Tu veux que je change de chaîne ? ça te gêne deux mecs ? ... je pensais que t'étais... plus ouvert que ça, ajouta Ferrari un peu déçu. Arnaud voulut dire quelque chose, se retournant vers lui, refusant qu'il se fasse une fausse idée, quand il eut le souffle coupé. Il ne l'avait pas vu avant, mais Jérémy n'avait plus rien du jeune homme habillé n'importe comment et décoiffé de tout à l'heure. Ce Jérémy là, avec sa chemise blanche ouverte et ses cheveux encore mouillés, ses lèvres pulpeuses et son sourire, était horriblement sexy. S'il ne s'était pas retenu, Arnaud lui aurait certainement sauter dessus, littéralement. -Euh je... arriva seulement à articuler l'aîné. -T'as faim ? l'interrompu Ferrari. Je réchauffe ma pizza si tu veux... ou je te fais mes lasagnes. Les lasagnes de Jérémy Ferrari, une des seules choses que ses origines italiennes lui avaient vraiment apporté ! Sa mère lui avait appris à en faire, d'un goût tel qu'Arnaud était convaincu que c'étaient les meilleurs au monde. Et sachant à quel point il les aimait, le plus jeune fila dans la cuisine. Pour patienter, Arnaud continua de regarder la télé. C'étaient toujours ce couple de deux hommes, mais cette fois dans un lit... -Pourquoi on s'est ignoré si longtemps ? C'était une perte de temps. Si on avait été plus franc, je serais dans tes bras depuis longtemps... Arnaud changea de chaine, tombant sur de la pub, et observa autour de lui pour s'occuper. L'appartement était sobre, sans aucune excentricité, ni d'objets singuliers, contrairement à lui. La seule décoration vraiment visible devait être les vêtements sales. Il aperçut des photos et se leva pour en savoir plus. Il n'était qu'allé rarement dans l'appartement de son ami, c'était toujours le cadet qui allait chez lui. Mais ce jour-là, il s'était brusquement rappelé d'un sketch qu'ils devaient faire ensemble... et était arrivé aussi vite qu'il avait pu. Ce qui dépendait des peu de souvenirs qu'il avait d'ici. Il rappela bien vite un livre de photos qui semblait à l'écart des autres, et fut surpris de s'y voir... à chaque pages. Il sourit, chaque photo lui rappelait un souvenir. Celle là, quand ils s'étaient rencontrés... ou une autre qui témoignait de leurs nombreuses nuits blanches. La dernière, Arnaud ne la connaissait pas. Une photo de lui, endormi. sur son canapé. Allongeait de tout son long, la bouche mi-ouverte. En dessous, comme une légende, de la main de son petit diable, un « ma patate » était écrit. Rien qu'à ces deux mots, il sentait toute l'affection qu'avait l'ardennais pour lui. Celui-ci ne s'attachait que rarement aux gens... mais quand c'était le cas, ce n'était pas à moitié. À en venir à jalouser d'autres humoristes qui feraient d'autres sketchs avec lui... Jérémy était quelqu'un de possessif, et quand on connaissait son parcours, c'était compréhensif. Il feuilleta encore un moment l'album quand il sentit quelqu'un arriver derrière lui, et surtout la bonne odeur qu'il apportait. Celle des lasagnes. -Mes photos t'intéressent ? s'étonna Ferrari, en posant le plat sur la table basse. Arnaud se retourna après avoir remis les photos à sa place et fit comme si de rien n'étaient. -Je suis très photogénique, fut sa seule réponse. Le cadet rit, bien vite rejoins par Arnaud. Ils s'installèrent face à face, la table basse entre eux. Tsamere se mit à manger, alors que Ferrari l'observait... Trop dans son assiette, Arnaud ne pouvait pas remarquer la manière qu'avait son ami de le regarder : Appuyait contre son coude, un petit sourire en coin, ses yeux étaient ceux d'un homme amoureux. -C'est succulent, commenta Arnaud sans le regarder, concentrait à mâcher, on dirait... c'est comme... un orgasme culinaire. Jérémy perdit aussitôt son sourire, levant la tête et les yeux. Se mordant la lèvre, il essaya d'ignorer la vision bien trop réaliste d'Arnaud ayant un orgasme imposait par son imagination. -Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Arnaud inquiet en voyant les rougeurs sur les joues de son ami. -Rien, rien, mentit le plus jeune, dont l'esprit ne pouvait plus oublier cette vision pas très peu catholiques avec l'autre humoriste. Il savait qu'aujourd'hui, il avait décidé de tout lui dire, que ça ne serait pas facile... La venue imprévue d'Arnaud avait été de « trop », il ne pouvait plus attendre de savoir si oui ou non cette relation pouvait les mener quelque part. Alors, il avait tout préparé pour tout soit parfait pour cette soirée, qui serait peut-être la fin ou le début d'une si belle chose. Il s'approcha du brun et s'assit près de lui, alors que le plus âgé finissait de l'ardennais sur lui. Incapable de savoir ce qu'il lui voulait au juste... -Je... commença le plus jeune hésitant. Ça fait longtemps que je garde ça, pour moi, là, il posa sa main sur son propre c½ur, et... et... j'en peux plus. Je dois savoir. Ton amitié compte beaucoup pour moi, je n'ai jamais eu d'ami comme toi... Je pensais que je n'en méritais pas. Mais... tu es devenu plus que ça. Je 'aurai jamais cru... que je puisse aimer autant quelqu'un. Que l'amour était pour les faibles... Seulement... tu me rends heureux Arnaud, comme je ne l'ai jamais été. Alors... laisse moi te rendre heureux, comme tu le fais avec moi, je veux ton bonheur... même si je te rejète, je continuerai à t'aimer... parce que... parce que je t'aime Arnaud ! Il attendit sa réaction avec appréhension... enfin, Tsamere releva la tête, le regarda en fronçant les sourcils et demanda : -Tu peux répéter ? Autant dire que là, Jérémy ne tint plus. Ce dernier se leva, énervé, criant contre lui-même et 'homme qu'il avait le malheur d'aimer. -Mais pourquoi je me fais chier à te faire une déclaration... romantique ? Ce mot sonnait étrange dans sa voix, même pour lui. Tu ne m'écoutes même pas ! Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Je t'aime Arnaud bordel ! J'aimerai tous les jours me réveiller et m'endormir auprès de toi. T'embrasser, te tenir dans mes bras, être contre toi, te tenir la main et te faire l'amour... quand j'en ai envie... Qu'on fasse des choses ensemble, au resto, au ciné, et toutes ces conneries de couple. Pour qu'on finisse par vieillir ensemble, t'entendre radoter tes sketchs, pendant que nos enfants et petits enfants prendront la relève... Alors dis moi Arnaud, dis moi franchement, à quoi pouvais-tu penser, pour que ce soit plus important ? Arnaud, lui, toujours assit, était calme, sachant déjà ce qu'il allait dire comme s'il l'avait préparé : -Je me disais, fit le brun en se levant, que tu n'avais pas remarqué... quand tu étais assis, que tu me parlais... tu me tenais la main. Sur ces mots, l'ainé prit les mains de Jérémy, les faisant tourner pour détailler ses paumes. -Je ne sais pas lire les lignes des mains... mais je sais que toi, tu seras un des plus grands humoristes qu'il y ait jamais eu. Et... et même si tu as souffert, tu ne seras plus seul, je suis là maintenant. -Tu parles d'une... allait critiquer Ferrari, quand ses lèvres furent occupés à autre chose. Arnaud l'embrassa, et comme naturellement, les mains de l'autre humoriste se perdirent dans ses cheveux bruns. Tsamere lui, tenait le cou de son futur amant pour approfondir leur baiser. Au bout d'un temps trop court à leur goût, ils durent reprendre leur respiration. -Alors, monsieur Jérémy Ferrari voudrait des enfants ? Demanda Arnaud, avec un petit sourire. -C'est pas moi qui m'occuperait de toi quand tu seras vieux, répliqua Jérémy du tac au tac pour cacher sa gêne d'avoir laisser échapper ça. Et... sinon, on peut prendre un chien hein... T'as bien prouvé qu'un chien pouvait faire un sketch ! -T'es con. -Tu vas devoir me supporter, assura le jeune homme, dont la voix se fit plus hésitante, enfin... si tu... si tu veux... je sais pas si tu... -Moi aussi je t'aime, comprit Tsamere. -Je parlais pas de ça, mentit Ferrari. -Mon cul oui ! -Bas ton cul, j'aimerai bien en profiter ! Sortit l'humoriste noir sans réfléchir. Les deux hommes se regardèrent ensuite en silence, ne sachant quoi dire après une telle réplique. -Je... je voulais pas, essaya de s'excuser Jérémy, c'est sorti tout seul... -Je suis pas contre, l'interrompit Arnaud. Ils se regardèrent une nouvelle fois, toujours dans le silence, un peu perdus. On aurait dit deux lycéens amoureux pour la première fois. -Mais tu.... maintenant ? démarra Jérémy. -Si tu ne veuxx pas... -Si. -Alors on... ? -Tu commences ? -Tu préfères ou tu... ? -En fait... je préférais que tu... S'en suivit d'autres phrases et interrogations non finis, jusqu'à qu'ils se décident à se déshabiller mutuellement. Mais, d'un coup, Jérémy quitta son futur compagnon, en faisant une sorte de « mon dessert ! » et filant dans la cuisine, tout en retenant son pantalon qui risquait de tomber à tout moment. Arnaud, qui avait encore dans les mains la ceinture du pantalon en question la posa sur le canapé pour rejoindre son petit diable dans la cuisine. Il retrouva celui à l'humour noir devant un gâteau aux chocolats, qui avait complètement « fondu ». Celui-ci ne se retourna même pas pour lui faire : -C'était pour toi... D'accord, Jérémy pouvait être très doué quand il s'agissait de lasagnes ou de pizza... mais dès qu'il n'y avait plus de sauce tomate, c'était une catastrophe. Ou presque. Arnaud, derrière lui, se colla dans son dos et prit un peu de chocolat fondu pour goûter. Ce qui n'était pas mal u tout ! -Tu te débrouilles plutôt bien, le rassura Tsamere, les bras autour de son torse, la tête reposant dans le creux de son épaule. Ferrari soupira, puis observa ensuite, intrigué par la main d'Arnaud qui guidait la sienne, faisant tremper ses doigts dans le chocolat. Il le força ensuite à se tourner, pour « nettoyer » ses doigts... avec sa bouche. Même l'imagination pourtant si fertile de Jérémy n'avait pu, ne serait-ce que penser à une telle scène... Il devait avoir l'air stupide, sa bouche formant un « o ». -Le chocolat est un aphrodisiaque, chuchota Arnaud alors qu'il semblait vouloir dévorer ses phalanges. Comme un déclic, ceci rassura Jérémy. Ils n'avaient rien à craindre, personne ne les surprendrait. Il n'y a rien d'étrange en amour, tant que les deux sont consentants. L'ardennais reprit du chocolat de sa main libre – l'autre avait l'air d'appartenir à Arnaud à présent – et, du bout des doigts, dessina sur le côté gauche du torse de son nouvel amant, un coeur. Où il reposa après sa paume, à l'intérieur. Arnaud l'aurait sûrement traiter de « niais »... mais tout les deux avaient compris que ce moment était si unique, qu'il devait se passer en silence. Se comprenant, et ayant les mêmes désirs, ils n'avaient pas besoin de parler. Ils s'aimaient, tout simplement. Leurs pas les menèrent mutuellement à la chambre, sans faire attention à ce qu'il y avait autour d'eux. Il n'y avait que l'autre qui comptait à présent, plus rien n'existait... hormis eux. Hormis les caresses et les baisers qui s'offraient, les vêtements qui s'en allaient peu à peu. La porte se referma, éteignant une bougie au loin, qui se consumait sur la table basse. Comme si cette flamme s'était éteinte pour laisser naissante à celle dans la chambre. Celle d'une passion, et d'un amour. Et le lendemain, ils regarderaient un téléfilm, pour ensuite s'endormir dans les bras l'un de l'autre.
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